Cher journal,
Je désespère. Je suis seule. C’est horrible. Olivier est parti, le chat me fait la gueule. Je ne sais plus quoi faire. Je lui change ses croquettes et son eau, il râle toujours. Olivier lui manque. Il devient neurasthénique, il miaule silencieusement et dort sur mes tongs.
J’allume la télé, ça me fait de la compagnie.
Les cafards passent à l’attaque, je vois bien qu’ils ont senti qu’Olivier
n’était plus là pour me protéger. Ils me narguent. Ils volent, même, comme pour
me montrer qu’ils sont plus forts que moi.
J’ai réussi à prendre sur moi et à en prendre un en photo. J’ai failli mourir ce faisant. Heureusement, j’ai un gros zoom.
Pourquoi Olivier est-il parti ? Par dépit car son coiffeur-boucher ne le regardait plus ? Je suis passée devant, la boutique est fermée, il doit être en deuil, ce pauvre malheureux. Pourquoi personne ne l’a-t-il remplacé à mes côtés ? Je tourne en rond, je travaille et ne sort presque plus. J’ai perdu goût à la vie dehors. Je sors juste prendre mon café au coin de la rue et je vais à la plage ensuite, c’est horrible. Après seulement, je travaille. Et c’est le soir qu’ils passent à l’attaque, ils essaient de m’avoir, même le chat ne fait rien, il me regarde en attendant que j’intervienne. Pauvre être, il ne comprend pas.
Il fait beau. Je vais à la plage tous les jours. Mais ça n’a pas la même saveur, sans Olivier. Cher journal, que vais-je devenir ? Je vais au Car Wash Café, nous en avions parlé avec Olivier, j’ai la larme à l’œil, cela ne me fait pas du bien. Le ballet des car-washeurs ne réussit pas à me remonter le moral, pas plus que le café gratuit. (Au prix du lavage, c'est la moindre des choses !)
Dois-je voir dans l’invasion de cafards une annonce de ma fin prochaine ? J’ai presque réussi à en écraser un ce soir, avec le balai éponge.. Je m’en suis approchée à moins de deux mètres. Quel courage ! Je n’en reviens pas. D’où me vient cette force ? Olivier doit me l’envoyer de Paris. Hélas, comme c’est un balai éponge, l’éponge n’a rien pu faire contre l’insecte. Je pense lui avoir seulement cassé une patte, redoublant sa rage, il s’est envolé. Il se terre un moment pour mieux reprendre l’attaque.
Même les jus de fruits frais que je prends
tous les jours n’ont pas le même goût. Je décide de déménager, c’est trop de
douleur, trop de souvenirs.
Les cafards semblent avoir disparu de mon nouveau domicile. Mais Olivier n’est toujours pas là. Je suis encore seule. Et il n’y a pas de chat. Je me parle tout haut, ça me fait une présence. Etrangement mon nouveau quartier arbore de drôles de couleurs. Il y a de nombreux garçons dans la rue, certains se tiennent par la main. Les boutiques sont étranges.
Je ne comprends pas. Est-ce le signe
qu’Olivier va revenir ? Ou qu’il ne m’a pas quittée ? Cher journal,
je suis perdue. Même la plage aujourd’hui, et les baignades dans une eau à 24
degrés m’ont fait peu de bien. A présent, je me sers un verre de vin blanc frais,
mais le cœur n’y est pas.
Cher journal, que vais-je devenir ?